II) Réel bienfait ?
A) Pour la santé
Les principales différences entre une exploitation "classique" et une exploitation "biologique" sont le type d'engrais utilisé . Ainsi, les fertilisants employés dans le bio sont des produits naturels. Or les engrais chimiques utilisés dans les exploitations traditionnelles sont en général plus efficaces. Ils vont notamment apporter une plus grande quantité d’azote, élément indispensable à la plante pour fabriquer des protéines. Les végétaux non bio, nourris avec ces engrais, seront ainsi plus riches en protéines. Mais ces protéines seraient de moins bonne qualité : elles seraient moins riches en acides aminés essentiels, indispensables à notre organisme. Plus de la moitié des produits conventionnels contenant des résidus de pesticides qui ont une incidence négative sur les systèmes immunitaires, sont des cancérigènes reconnus pour les animaux et des cancérigènes probables pour les humain et, peuvent entraîner une augmentation de la fréquence des fausses couches et réduire la fécondité des travailleurs agricoles exposés aux pesticides.
Plus de 50% des fruits et des légumes produits par l’agriculture intensive contiennent des pesticides. Ils finissent finalement dans nos organismes, apportés par l’eau et les aliments consommés. Ces pesticides posent un véritable problème de santé publique. En effet, les personnes exposées aux pesticides ont plus de risque de développer certaines maladies : cancer, malformations congénitales, problèmes d’infertilité, problèmes neurologiques ou encore système immunitaire affaibli. Une seule solution : mieux évaluer les pesticides, interdire à priori tout ceux qui présentent un effet toxique pour l’homme avéré ou même suspecté et surtout diminuer considérablement l’usage des pesticides en passant à un type d’agriculture plus sain.
Une évaluation nutritionnelle du bio est extrêmement difficile à effectuer, compte tenue des nombreux autres facteurs qui peuvent influencer la composition chimique de l’aliment récolté, (qualité du sol, variations de l'ensoleillement, pluies, etc.) mais également compte tenue du fait que l’on ne peut comparer un régime fondé sur le bio à un régime conventionnel concernant l'état nutritionnel d’un consommateur. « Il est avéré que les consommateurs de produits bio sont en meilleure santé que les autres. Mais est-ce grâce à un mode de vie reconnu plus sain, repas mieux équilibrés avec moins de graisses et de viandes, davantage de pain complet, de légumes et de fruits frais ? Doit-on mettre en avant leurs habitudes culturelles ? Ou bien les qualités nutritionnelles des produits ? », s'interroge Bertil Sylvander, directeur de recherche à l'INRA Le Mans. Nous pouvons toutefois nous intéresser à l'influence du mode de production sur les différents nutriments que l'on retrouve dans chacun de nos aliments (matière sèche, glucides, protéines et lipides, minéraux et vitamines..). L'influence d'un mode de production particulier sur la teneur en glucides des aliments n'a pu être établie. Concernant les protéines, leur teneur dans les céréales bio est inférieure à la teneur de celles cultivées avec des engrais azotés minéraux. Cependant, leur équilibre en acides aminés essentiels serait plus favorable. Quant aux lipides, une tendance est observée en production biologique en faveur d'une proportion plus importante d'acides gras poly-insaturés, réputés favorables à la santé. Cependant, les études sur les teneurs en phytomicroconstituants pour les deux modes de production sont rares. Certaines, récentes, tendent à montrer que les composés phénoliques s'accumulent davantage dans les produits issus de l'agriculture biologique. Ce qui n'autorise pas encore à conclure à un bénéfice plus important en matière de santé pour le consommateur, prévient l'Afssa : les recherches demandent à être poursuivies.
B) Pour l’environnement
Les engrais chimiques permettent d'obtenir un plus grand rendement agricole, mais sont responsables d'une pollution massive des sols et de l'eau. Les nitrates et phosphates notamment, présents dans les engrais chimiques, atteignent les cours d'eau et nappes phréatiques par infiltration. Les phosphates provoquent l'eutrophisation de l'eau, c'est-à-dire un excès de nutriment, se traduisant par une croissance excessive des algues et une diminution de l'oxygène, ce qui modifie massivement l'écosystème en place, détruisant la biodiversité et favorisant la croissance d'espèces nuisibles. Les engrais azotés riches en nitrates très solubles dans l’eau sont la cause majeure de la pollution des réserves d'eau potable de la planète. L'eau nécessite des traitement pour être consommée, et cette pollution est responsable du problème majeur d'accès à l'eau potable. La solution de lutte contre les pollutions générées par les engrais chimiques est le développement de l'agriculture biologique au détriment de l'agriculture intensive. Mais selon Jacques Diouf, le directeur général de l'organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, il semble impossible de se passer des engrais chimiques pour nourrir 6 milliards (et 9 milliards à l'horizon 2050) d'humains sur terre. L’agriculture biologique présente pourtant de nombreux bienfaits pour l’environnement :
Un environnement préservé
L’agriculture biologique est un mode de production établi sur le recyclage des matières organiques, la rotation des cultures et la non utilisation de produits chimiques de synthèse. Elle vise donc à protéger l’environnement. En effet, le mode d’élevage respecte le bien être des animaux. Les opérateurs engagés dans cette agriculture respectent un cahier des charges rigoureux, respectueux de l’écosystème. Les impacts de l’agriculture biologique sur la qualité des eaux et des sols ont été d’avantage évalués que ceux sur la biodiversité des espèces, les paysages ou la consommation d’énergie.
Des sols vivants et fertiles
Grâce à la fertilisation organique (effluents d’élevage, pailles, compostage, cultures d’engrais verts) et à des rotations diversifiées l’ensemble des études montre que les teneurs en matière organique dans les sols cultivés sont plus élevées avec les pratiques biologiques. L’activité biologique du sol est aussi plus développée. Les organismes vivants du sol comme les vers de terre, les champignons, les insectes de surface sont plus nombreux, diversifiés, avec une activité plus intense.
Des eaux sans résidus de pesticides
L’agriculture biologique utilise des produits de traitement des plantes et de soins aux animaux d’origine naturelle qui préservent le milieu écologique des eaux des rivières. De plus, l’agriculture biologique évite la pollution par la diffusion aérienne des pesticides.
Une réduction des pollutions par les nitrates
La limite maximale fixée par la réglementation européenne de la potabilité d’eau s’élève à 50 mg de nitrates par litre.
D’après les expérimentations menées à Mirecourt par l’INRA de Nancy, les taux de nitrates lessivés dans les eaux souterraines sont plus faibles. D’autres régions de France (en particulier en Bretagne et dans le Nord) effectuent des recherches pour mieux connaître les dynamiques de lessivage des nitrates.
Dans une perspective de développement durable, il s'agit de trouver le juste équilibre d'une agriculture raisonnée : utilisation restrictive d'engrais chimiques, en appliquant notamment le bon dosage, et développement de l'agriculture biologique, autant que possible